Amour et plaisir sexuel

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  • Le 03/01/2020
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La confusion entre  l'amour et le plaisir sexuel

La confusion entre l'amour et le plaisir sexuel est la source de bien des maux. Nombre de personnes pensent que les deux sont (ou devraient être) indissociables. C’est  l’illusion la plus commune du mariage traditionnel. On se marie « pour la vie » on s'aime « pour la vie » et l’on doit n’éprouver  de plaisir sexuel qu’avec son conjoint, « en pensée, en paroles ou en action ». Tout manquement, aux yeux des religions, est un péché plus ou moins grave selon ses conséquences, tempéré par le cynisme du : « ni vu, ni connu ». L'héritage est lourd à assumer. Le plaisir solitaire était strictement interdit, sous peine de damnation dans l’éternité, et dans l’immédiat, de surdité, de stupidité, voire de perte des cheveux ! La femme ne devait jamais éprouver de plaisir, au risque de passer pour une dévergondée. Seul l’homme pouvait développer une certaine sexualité qui, dans cette logique, transformait la femme en objet. De nos jours encore, combien font semblant de croire que les femmes n’ont pas autant de fantasmes que les hommes, autant de besoin de jouissance, et plus généralement, de sexe ? Pendant des siècles, on a imposer l'idée que la sexualité n’avait pour but que la procréation,  et que le plaisir, même en couple, était un péché que l'on devrait expier tôt ou tard. Et l'amour ? Le mariage ne devant pas être une affaire sexuelle, la plupart des unions étaient arrangées, et l'on se contentait de dire que cet amour viendrait... après. Ou alors pas du tout, ce qui n'était pas si grave que cela puisque le divorce, dans bien des religions, était impossible. D'autant que l'absence d'amour n'empêche pas de procréer. 

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Il faut d’abord admettre que la conception actuelle de l’amour en occident n’a rien d’universel et qu’elle traîne comme idéal (ou boulet !), le mythe du "coup de foudre", de l’amour passion, de l’amour fou. Toute la littérature en montre pourtant l'échec, l'archétype étant Roméo et Juliette. Cet amour absolu est censé satisfaire tous les besoins, et apporter une extase d'autant plus vive qu'il n'est pas consommé. Il devrait pourtant conduire à la fusion éternelle de deux êtres. Or qu’on le veuille ou non, le plaisir, comme la douleur, est toujours une sensation personnelle qui peut certes être aiguisée par l'autre mais qui dans la réalité n'est jamais partagée, contrairement à ce que l'on se plaît à dire. Si jamais vous souffrez d’une rage de dents, quels que soient le désir ou les efforts de votre partenaire, vous aurez bien du mal à atteindre l'extase, et votre partenaire, heureusement, ne partagera pas votre souffrance. Pourquoi croire que cela est différent lorsqu'il s'agit du plaisir ? Lorsque l’amour s’use avec le temps, la capacité d’éprouver du plaisir ne disparaît pas. Reconnaître que  son partenaire peut connaître un plaisir dont on n’est pas l’auteur, n’est pas s’en désintéresser, et à plus forte raison, le mépriser, c’est lui reconnaître sa liberté, sa singularité, sa richesse.

L’amour dépend étroitement d’une autre personne qu'il est pourtat impossible de connaître parfaitement : chaque être est d’une infinie complexité qui ne cesse d’évoluer ; la fusion, surtout sur une longue période, est  donc impossible.  Le plaisir, lui, se renouvelle facilement car il dépend uniquement de celui qui l’éprouve, même si mille choses, dont l’amour, peuvent le doper... ou le détruire ! Le tantrisme ne s’intéresse pas à l’amour, qui ne se trouve pas dans le même registre puisque l'on peut vivre ensemble heureusement sans même avoir de relations sexuelles.  Le trantrisme valorise le plaisir, qu’il considère comme le moyen privilégié de l’épanouissement d'un être humain. Paradoxalement, ce plaisir individuel renforce les couples, car une personne comblée rayonne d'un bonheur qui rejaillit sur tous ceux qui l'entourent.

 

 

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