Chassez le naturel ?
Un poil de réflexion
Où en est la mode ? Voilà un sujet bien préoccupant pour savoir ce que nous devons faire des poils et odeurs que la nature nous a plus ou moins généreusement donnés. Le sujet divise : d'un côté, il y a ceux qui prônent un retour au naturel le plus complet, excluant tout parfum ou tout rasoir, d'un autre, ceux qui ne cessent de contrarier ce naturel pour traquer le moindre poil, orner leur peau de tatouages délicats ou délirants, et parfumer tout ce qui peut l'être, afin de chasser la moindre odeur corporelle. La civilisation s'opposerait ainsi à l'état de nature. Remarquons tout d'abord que si nous arrivons à vivre actuellement aussi vieux et dans de bien meilleures conditions physiques qu'auparavant, c'est bien parce que l'hygiène a considérablement progressé. La couche de crasse qui, autrefois était censée protéger la peau, entretenait plein de petites créatures qui ne nous voulaient pas que du bien. Manger avec des mains sales fait avaler bien des choses qui ne facilitent pas la digestion. Ne jamais se laver les dents ne les rend pas plus saines, et nos ancêtres édentés en firent la triste expérience.
Un massage implique de part et d'autre une hygiène parfaite, n'en déplaise à ceux qui pensent que la douche abîme la peau, la privant de micro organismes fort utiles. Inversement, arriver couvert de crèmes ou d'onguents n'est pas mieux, et il faut dans ce cas prendre une bonne douche avant ce massage. En effet, l'huile utilisée, neutre et sans essence ajoutée, suffit amplement à rendre la peau lisse et à la nourrir. Il est évidemment possible de recourir à des essences, mais il faut savoir les choisir et les doser, en évitant de les mettre au contact des muqueuses. Peu à peu, au cours du massage, l'huile pénètre d'ailleurs dans la peau, au point qu'il est possible de partir sans se doucher, et sans briller de toutes parts ! De même, mieux vaut s'abstenir de se parfumer trop généreusement avant un massage qui facilite l'absorption par la peau des micro particules de parfums de plus en plus chimiques. Mais les parfums ne s'opposent pas au tantra, tout au contraire. Ils ont également vocation à enchanter le monde. L'utilisation de déodorants suscite bien des débats qui dépassent le cadre du tantrisme, et surtout celui du massage : une douche préalable en dissipe une bonne partie, et permet d'éviter que trop de particules nocives ne pénètrent dans le corps. Mais il faut reconnaître que rien n'indispose plus qu'une forte odeur de transpiration. Entre deux maux...
Quant au système pileux... il suscite des controverses passionnées, surtout parmi les femmes. Les poils sont nettement mieux admis chez les hommes chez qui ils passent encore pour un puissant signe de virilité. En revanche chez les femmes, ils sont souvent considérés comme une marque de laisser-aller. Une nouvelle fois, des canons esthétiques et moraux règlent la vie sociale. Le tantrisme, répétons-le, accepte chacun comme il est, et si le massage est évidemment plus facile lorsque la peau est lisse, il s'accommode naturellement des poils qui requièrent simplement un supplément d'huile. Une épilation complète ne renforce pas forcément les sensations ressenties, car les poils sont d'excellents transmetteurs de sensations. Dès qu'ils sont huilés, les mains du masseur (de la masseuse) se trouvent quasiment au contact de la peau du (de la) massé(e), permettant de préciser et moduler le toucher, les effleurements. Les massages les plus intimes s'accommodent également de poils sauvages qui entourent les zones les plus sensibles, et ne pensez surtout pas qu'il est indispensable de passer chez une esthéticienne avant un massage tantrique. A chacun de choisir en fonction de l'image qu'il veut donner de lui. Le tantra est toutefois une pratique raffinée, et s'il respecte le naturel, il apprécie que ce naturel... soit bien entretenu.
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